“Flop ?”
Non, juste un semi-flop.
On nous avait promis le chaos : le Kremlin, Satan, même les reptiliens.
(Enfin, pas encore les reptiliens — mais certains les auraient volontiers ajoutés 😏.)
Puis on nous a dit :
« Leurs soldats sont d’extrême droite, d’extrême gauche, et d’ultra-gauche. »
Une double ration pour nous, apparemment.
Réalité : la plupart d’entre nous ne sont pas “d’ultra-gauche”.
Sinon, les vrais communistes seraient quoi — méga-ultra-turbo-gauche ?
Mais bien sûr, continuer à nous appeler “communistes”, c’est un vieux truc capitaliste.
Bref. À midi, les médias ricanaient :
« 29 000 manifestants, c’est tout ? Pschitt ! »
Et le mot magique est sorti : “Flop.”
Eh bien non. Ce n’était pas le blocage total que certains avaient rêvé.
Certains parlent de flop ? Très bien, faisons un deal. Partageons la mise : appelons ça un semi-flop 😏.
Au minimum, c’était l’expression visible d’une colère bien plus profonde qui traverse ce pays.
Est-ce suffisant ? La bonne expression ? Pas encore. On y reviendra.
Les chiffres, le récit, la réalité
Le gouvernement annonce 175 000.
Les syndicats disent 250 000.
Disons 200 000.
Et malgré ça, certains persistent à dire : “flop”.
Pas un mercredi.
Pas sous 80 000 flics déployés.
Mais surtout : un mouvement, ce ne sont pas que des chiffres.
Comme en business (pardon pour la métaphore), la vraie question est :
est-ce que les gens reviennent ?
Est-ce qu’ils tiennent ?
Est-ce qu’ils transmettent ?
On le saura dans la durée.
Un mouvement fragmenté, mais une seule colère
432 actions ont eu lieu.
À Marseille, deux cortèges, deux cœurs, mais un seul battement.
À Rennes, Lyon, Paris, dans les quartiers populaires comme dans les petites villes : partout, des foyers, dispersés mais vivants.
Oui, ce n’était pas le grand blocage.
C’était fragmenté. Mais pas dispersé.
Parce que toutes ces étincelles sont reliées par un fil : l’injustice.
Économique : vie devenue impayable, salaires qui ne suivent pas.
Sociale : jeunes coincés dans la précarité, contraints de partir ailleurs pour espérer.
Policière : lever la tête = gaz + matraques.
Voilà ce qui relie ces colères.
Et voilà aussi pourquoi elles peuvent se durcir, se déformer, se radicaliser.
Ce n’est pas encore la bonne expression : c’est une colère qui cherche sa voix.
Encore une fois, ce n’était pas un raz-de-marée. Mais c’était une expression — partielle mais puissante — d’une colère diffuse.
Et ce qui inquiète, c’est qu’elle n’est toujours pas totalement entendue.
Pas seulement par le gouvernement. Pas seulement par les médias.
Mais par tout un système, pressé de minimiser, de recadrer, de passer à autre chose.
Et voilà comment ça marche dans les faits : la classe politico-médiatique avait déjà son script prêt.
Comment le récit est fabriqué
Oui, pile à l’heure, le même vieux refrain :
“Extrême gauche, extrême gauche, extrême gauche.”
Je me sents étrangement soudain d’avoir envie de bailler.
Bref, ills ne peuvent pas s’en empêcher. Répéter, espérer que ça colle.
Mettre en avant la violence : poubelles en feu, vitrines brisées, quelques heurts.
Minimiser la violence policière : les charges, les lacrymos sur des pacifiques, y compris des journalistes. Et emballer tout ça en preuve de “radicalisation”.
Ainsi on vous dit que la police est tout de meme trés efficace, depuis les Gilets jaunes. En oubliant, les blessés, mutilés, et morts…
Ainsi, le récit n’est pas l’injustice, ni la colère, ni le pourquoi des protestations.
C’est l’ordre contre le chaos. Devinez le camp qu’on vous désigne.
Mais c’est une bataille culturelle qu’ils sentent leur échapper.
Même certains médias mainstream osent désormais parler de justice sociale.
Et le camp macroniste — soi-disant “centre” (en réalité centre extrême, vu leurs politiques) — commence à trembler.
Ils cherchent à minimiser, en ciblant surtout LFI, accusée “d’attiser le feu”.
Et si, en vérité, leur vraie crainte, c’était qu’ils puissent gagner en 2027 ?
Le vieux monde et ses illusions
Certains, depuis leurs fauteuils confortables (parfois issus de la “gauche raisonnable”), répètent la même rengaine :
“La colère doit être structurée, pas enflammée. Cherchez le compromis, pas le chaos.”
On les entend.
Mais soyons sérieux : un “compromis” avec le système Macron, ce n’est pas un compromis.
C’est choisir la longueur de ta corde : 10 cm ou 11.
Dans tous les cas, tu finis pendu.
On a déjà donné.
On vote Macron au second tour, on serre les dents.
Et au final, on se fait avoir.
Alors non. Ce n’est pas de l’apaisement : c’est le vieux monde.
Ça fait perdre du temps, ça enrage encore plus, et ça finit en drames.
Tu veux calmer la colère ? Donne du pouvoir démocratique.
Sinon, cette colère incomprise se crispe.
Et finit, oui, par exploser.
La jeunesse, la vérité et l’accusation de “populisme”
On accuse certains — surtout LFI — de “surfer sur la colère”.
Mais de quoi parle-t-on ?
Les jeunes sont déjà en colère.
Qu’est-ce qu’ils devraient faire ?
Se taire ? Exploser n’importe comment ?
La vraie responsabilité, ce n’est pas de leur filer un calmant.
C’est de canaliser cette colère. De la rendre productive.
Et ça passe par deux choses simples :
Manifester (sous toutes ses formes — même “à la maison”, par des grèves de conso, boycotts, disruptions créatives).
Voter (pour transformer la rage en pression dans les urnes).
Ça s’appelle la démocratie.
Pas un gros mot.
Pas du “populisme”.
Et à ceux qui répètent que la colère doit rester “calme” ? L’histoire n’est pas d’accord.
1789 : le peuple renverse une monarchie et invente la révolution moderne.
1936 : les grèves imposent les congés payés.
1968 : étudiants et ouvriers secouent le système.
2018 : les Gilets jaunes forcent des concessions.
Chaque avancée est née de gens qui ont refusé de rester assis bien sagement.
Alors oui — si nous gagnons en 2027, ce sera parce que cette colère aura enfin été entendue.
Et en 2027, même en cas de victoire, il faudra encore descendre dans la rue pour peser face aux “marchés”.
Sinon, là, on pourra parler de flop.
Les syndicats et le piège des dates
Et voilà encore le calendrier : 18 septembre, 11 octobre.
Encore une date. Encore une marche.
Encore une merguez, un mégaphone, et tout est plié avant l’apéro.
Comme si Macron — ou les marchés — tremblaient devant une invitation de calendrier.
Ça ne suffira pas.
Pas de journées saute-mouton.
Pas de pauses entre deux week-ends.
Ce qu’il faut, c’est un souffle continu.
Une grève qui ne s’épuise pas en une après-midi.
Parce que si l’expression reste ponctuelle, elle est facile à étouffer.
Conclusion : le semi-flop et la suite
Le 10 septembre n’a pas mis le pays à feu (calmez-vous les réacs, c’est une image).
Mais il a allumé quelque chose. Une braise, un pouls.
Si ça s’arrête là, ce sera facile à étouffer.
Si ça prend, ça explosera tôt ou tard — et pas seulement par “quelques casseurs”.
Beaucoup sont en colère. Beaucoup sont fatigués, parfois résignés.
La plupart n’ont pas encore conscience du pouvoir qu’ils ont, chacun dans leur coin.
Mais ce pouvoir existe.
Et quand il se relie, quand il prend forme, il peut déplacer l’Histoire.
Pas seulement en France. Partout.
PS : à suivre — À bientôt 😉


